Quelques secondes de réflexion étaient nécessaires avant de répondre à cette question à priori simple. Le problème n'était ni le morceau qui passait ni même la prestance du jeune homme mais... sa taille. Je devais l'évaluer rapidement et discrètement afin de déterminer si, une fois debout, il serait aussi grand que moi (ouf !), plus grand que moi (yes !) ou alors plus petit (snif !).
En général mon estimation était plutôt juste. Si mon cavalier me paraissait suffisamment grand, il était probable que j'accepte son invitation. Dans le cas contraire je déclinais poliment et parfois même feignais d'avoir mal aux pieds. Je sais, c'est moche. Il m'est cependant arrivé de surévaluer la taille du jeune homme. Dans ce cas je lui accordais une unique danse ou prétextais avoir mal aux pieds (eh oui encore !) avant de me rasseoir. Je sais, c'est très moche.
Traumatisme d'enfance ?
Pour une raison que je ne saurais expliquer (quoi que...) et aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été attirée par les hommes plus grands.
Je n'ai jamais oublié cet épisode que je qualifierais d'humiliant. J'étais en colonie dans les Alpes et les animateurs nous avaient proposé un jeu qui consistait à s'affronter par équipe un peu à la façon des joutes équestres du Moyen Age, les lances en moins. Chaque équipe comptait des binômes constitués d'un garçon portant une fille sur le dos. Une fille étant généralement plus petite et plus légère. A l'époque je devais avoir 10 ans tout au plus mais je dépassais tous les gosses présents de plusieurs centimètres. Sans doute plus malicieux que pragmatiques, les animateurs avaient jugé bon de modifier la règle.
Et voilà comment, j'ai été amenée à être la seule fille à porter un garçon sur son dos. Je me revois, dépitée, ployant sous le poids de ce garçon. Je n'ai pipé mot mais j'ai vécu cela d'autant plus douloureusement que les autres mômes étaient hilares à commencer par celui auquel je servais de monture.
Il n'est pas exclu que ma préférence trouve ici son origine.
Ou affaire de goût, tout simplement ?
Lorsque j'ai affaire à un homme plus petit, même bourré de qualités, le charme peine à agir. Il deviendra alors un copain voire un ami mais rarement plus que cela. J'ai parfois des scrupules à le reconnaître et me garde toujours de dire au principal intéressé ce qu'il en est réellement.
Pourtant je sais que je ne suis pas la seule à préférer les grands, loin s'en faut. Chacune d'entre nous a ses propres critères lorsqu'il s'agit de choisir un partenaire. Certaines sont immanquablement séduites par les blonds aux yeux bleus, quand d'autres se pâment devant de beaux bruns musclés au teint mat... Moi, ce sont les grands qui ont le plus de chance de me faire chavirer, et même si la taille ne fait pas tout, c'est en ce qui me concerne une espèce de sésame.
Pour moi "grand" signifie 1m83 minimum sous la toise. Une gageure dans notre beau pays où la taille moyenne des hommes est de 1m76. Je mesure 1m78. Une petite parmi les Altitudiens mais une grande hors de notre royaume. C'est là que le bât blesse. Pour un peu j'émigrerais aux Pays-Bas, qui est non seulement "l'autre pays du fromage" mais aussi le pays où ces messieurs sont les plus grands. 1m83 en moyenne. Autant dire l'Eldorado pour moi.
Et pour compliquer un peu plus les choses, je suis une aficionada des talons hauts. Talons aiguilles, compensés, cubains ou en talus. J'aime les talons hauts ! Certes j'apprécie aussi les ballerines et autres baskets qui apportent confort et sécurité pour dévaler les escaliers, courir après le métro ou se lancer à la poursuite du petit dernier au square le samedi après-midi... Mais je le confesse, j'aurais bien du mal à renoncer à mes talons hauts.
Certains hommes vivent très bien la différence de taille et sont même fiers d'avoir à leur bras une femme plus grande qu'eux. C'est heureux mais moi je n'y arrive pas.
Rationalité et sentiments
J'ai cherché à comprendre pourquoi la taille revêt une telle importance à mes yeux. Je crois que j'aime tout simplement pouvoir lever les yeux pour m'adresser à mon homme, me blottir dans les bras d'un homme plus grand, poser ma tête sur son épaule (bon là j'ajoute une difficulté supplémentaire !). Il me semble aussi qu'être accompagnée d'un homme grand, lorsqu'on est soi-même grande, forme un couple plus harmonieux. Il y a aussi quelque chose de rassurant, même si je sais qu'un homme plus petit peut parfaitement être protecteur, fort et même charismatique.
Au final, il est plus question d'attitude et de personnalité que de taille. Mais est-on rationnel lorsqu'il s'agit d'attirance physique et de sentiments ? Combien de fois m'a-t-on dit qu'il était insensé de ma part d'accorder autant d'importance à la taille et que je risquais ainsi de passer à côté du bonheur ? Il n'y a rien à faire. Je suis, en la matière, aussi têtue qu'une mule. Je crois que seule une femme grande peut comprendre cela. Une femme de petite taille ou de taille moyenne a, logiquement, moins de chances d'être confrontée à ce questionnement car même attirée par les hommes grands, les candidats seront beaucoup plus nombreux que pour une grande. J'aimerais parfois être à sa place afin d'élargir mon champ des possibles.
Certaines femmes assument aisément d'être plus grandes et parfois même beaucoup plus grandes que leur compagnon. Loin de moi l'idée de juger ou de critiquer. Au contraire, je les admire pour leur capacité à faire fi des regards en coin et des commentaires désobligeants, car aujourd'hui encore, nombreux sont ceux qui estiment qu'un homme doit être plus grand que sa compagne. Une vision que l'on pourrait croire passéiste mais toujours d'actualité. La différence, qu'il s'agisse de couleur, d'âge, de religion ou autre, génère toujours des réactions plus ou moins négatives qu'il faut être à même d'affronter, parfois même au sein de sa famille ou de son groupe d'amis.
Et si finalement, il était avant tout question d'Amour ? Un amour suffisamment profond qui nous transporte et transcende nos propres préjugés et ceux des autres, parce qu'au fond c'est d'une personne que nous nous éprenons et non d'une taille. Peu importe que ce choix soit validé ou non par les autres. Ils n'auront d'autre choix que de s'y faire.